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La piste de course ouverte aux paris

À proximité de la maison du meunier se trouvait une piste de course. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les chevaux broutaient encore l'herbe ici et là dans le quartier Bronx comme dans l’arrière-cour d'Alcide Ouellette de la 2ᵉ Avenue.

À cette époque, les amateurs de courses de chevaux suivent ces épreuves sportives dans plusieurs localités de la région de Montréal. À LaSalle, des citoyens se rassemblent pour s'occuper de la construction d'une piste de course. Présidé par le Dr Maurice Lacharité, ce groupe compte Oscar Legault, Gustave Bourbonnais, Arthur Cumunel et Conrad Robert. Ce sont les fils de ce dernier, Yves et Guy, qui construiront la piste située face aux rapides de Lachine, non loin du terrain de golf. Ils veillent à son entretien et à l'approvisionnement des chevaux en foin et en avoine.

Le dimanche matin, l'animation règne entre Rocky Beach, la piste de course et le golf

Des participants de l'extérieur de LaSalle viennent avec leurs chevaux aux écuries pour les préparer à participer aux trois courses du programme. LaSalle fait partie d'un réseau situé à la périphérie de Montréal qui comprend les pistes de Beauharnois, Ormstown, Saint-Jérôme, Sainte-Martine et Valleyfield.

Les chevaux de Conrad Robert voyagent dans une remorque construite par son fils, Guy. Ses chevaux ont une cote suffisamment élevée pour figurer dans un programme d'ambleurs de Blue Bonnets sur la piste d'un demi-mille.

À LaSalle, l'affluence s'avère si importante en juillet 1944 que des rangées de sièges sont ajoutées tout autour de la piste. Malgré cela, les organisateurs peinent à faire leurs frais. Le contrôle du paiement des entrées fixé à 50 cents sur un site ouvert s'avère fort difficile. De plus, il n'existe pas de paris par guichets comme à Blue Bonnets. En fait, les parieurs s'arrangent entre eux sans rembourser les frais aux organisateurs qui paient les bourses. Pour obtenir un compte rendu de la course dans les journaux, les organisateurs doivent payer le chroniqueur. Cette situation et les mœurs louches du monde des paris sportifs ont raison de la piste. Conrad Robert n'a d'autre choix que de vendre sa jument Royal Suzan qui figurera quelques années plus tard parmi les meilleurs coursiers du Canada.