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43. Moulin Fleming

Situé en bordure du fleuve Saint-Laurent, à la hauteur du lac Saint-Louis, le moulin Fleming se dresse aujourd'hui sur le site du parc Stinson dans l'arrondissement de LaSalle. Construit en pierres des champs noyées dans le mortier, il représente l'architecture de type anglo-saxon. Il est le seul de ce type encore debout au Québec, tous les autres moulins à vent que nous pouvons encore admirer sont caractéristiques du régime français.

Emblème de la Ville de LaSalle, le moulin Fleming a subi les affres du temps jusqu’à sa restauration sommaire par la Burrough’s Wellcome, acquéreur d’un vaste terrain dans le secteur pour y construire son usine. Le délabrement du moulin avait alors atteint un seuil critique, car il offrait un triste spectacle avec ses pierres effritées, sa calotte envolée et son mécanisme rouillé.

En 1814, l’Écossais William Fleming s'installe dans la paroisse de Lachine face au lac Saint-Louis, lieu idéal pour construire un moulin à vent. Il achète une partie de la terre de William Reid et y fait, l'année suivante, un premier moulin à vent en bois pour « nettoyer » l'orge et le riz. En 1816, il installe de nouvelles meules pour moudre le blé. Elles sont différentes de celles pour nettoyer l'orge étant placées sur le côté et non à l’horizontale comme on peut le voir dans les moulins de type français. Les voisins, Jean-Baptiste Parent et Joseph Mallet, en sont fort étonnés.

En 1827, William Fleming signe une entente avec le maçon William Morrisson pour construire un bâtiment en pierres de cinq étages avec des fondations sans jamais indiquer clairement que c'est un moulin à vent. Comparé aux moulins français érigés pendant la colonisation de la Nouvelle-France, le moulin Fleming s'impose par ses dimensions et son gabarit. Il possède une toiture semi-sphérique différente de la calotte française pointue. Près de sa calotte, le moulin Fleming a un système de chaîne et poulie appelé « winding gear », le tout protégé par un cabanon. Cette chaîne permettait au meunier de tourner les ailes pour les placer face au vent. Son mécanisme et le jupon qui complètent le système au niveau du toit, la maçonnerie en pierres des champs, entourée d'une galerie en bois au deuxième étage montrent sa provenance du Royaume-Uni.

Par contre, ses ailes semblent traduire une certaine influence des moulins hollandais à cause de l'implantation à angle droit des barreaux au centre des vergues. Un lambris de bois recouvre la moitié du périmètre de la tour. Les experts s'entendent pour affirmer que cette particularité est une adaptation canadienne visant à protéger la maçonnerie des vents du nord-est.