Plusieurs femmes ont joué un rôle majeur dans la fondation de Montréal. Tout d’abord Jeanne Mance, arrivée avec Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve, le 17 mai 1642. C’est elle qui fonde l’Hôtel-Dieu, le premier hôpital de Ville-Marie. Puis en 1653, Marguerite Bourgeoys arrive en tant que première institutrice. Elle ouvre son école dans une étable. Elle y accueille tous les enfants des premiers colons et des Amérindiens, garçons ou filles, riches ou pauvres.
Marguerite Bourgeoys rêve de fonder une communauté religieuse non cloîtrée, ce qui n’existait pas à cette époque. Mais pour elle, c’est la seule façon de mener à bien la mission d’éducation qu’elle se donne.
Pour l’aider dans cette vision, elle retourne en France chercher d’autres femmes désireuses de tenter cette aventure. Catherine Crolo revient avec elle en 1659. Cette fille robuste et dynamique va se charger de la gestion du quotidien. Son énergie est proverbiale. C’est elle qui initie et supervise le défrichement et les premières cultures de la ferme de la Pointe, comme on l’appelait alors. C’est elle qui engage les premières familles qui résident sur la ferme et aident les sœurs à cultiver la terre et à élever les animaux. C’est elle aussi qui accueille les Filles du Roy et les initie à la vie d’ici.
Grâce aux revenus générés par la ferme, Marguerite Bourgeoys obtient ses lettres patentes du roi Louis XIV en 1670. Marguerite Bourgeoys et Catherine Crolo vivent toutes les deux très âgées pour cette époque, soit jusqu’à 80 ans. Catherine Crolo décède en 1699 et Marguerite Bourgeoys en 1700.
Les métayères
Par la suite, au fil des siècles, 86 femmes dirigeront la ferme. On les appelle des métayères, c’est-à-dire qu’elles géraient la ferme non pas pour leur profit mais pour celui de leur communauté.
Elles sont témoins de belles années, avec des récoltes prospères, mais aussi des guerres, des catastrophes, et enfin de l’industrialisation. Dans le courant du 19ᵉ siècle, les terres se morcellent, sont vendues et la ferme cesse toute activité en 1960. La Maison Saint-Gabriel devient un musée en 1966… et elle est toujours gérée par des femmes.