Les Espagnols qui cherchaient la route de l’Asie et des épices avaient d’abord atteint l’Amérique tropicale, son or et ses précieuses plantations exotiques. Voyageant plus au nord, Français, Anglais et Hollandais devront se contenter de la pêche et de l’or poilu, autrement dit la fourrure. Les Français ne retiennent finalement de l’Asie que le nom d’un avant-poste établi vers 1667 sur les bords du lac Saint-Louis.
Trafic des fourrures… et de l’eau-de-vie
C’était, écrira plus tard l’historien Faillon à propos de Lachine « … un lieu plus favorable qu'aucun autre aux colons qui désiraient de trafiquer avec les sauvages ». François Lenoir dit Rolland, un ex-soldat du régiment de Carignan, l’a rapidement compris. En novembre 1670, il reçoit au lieu dit la Chine, une terre qu’il cultive et sur laquelle il établit un poste de traite vite devenu un des hauts lieux du trafic des fourrures… et de l’eau-de-vie.
Les profits de la traite et le sentiment de liberté qu’elle procure sont alors si attrayants que les autorités, craignant que la culture des terres soit délaissée, tentent d’interdire la traite aux célibataires. Mis en demeure de se conformer, Lenoir promet de prendre femme dès le prochain arrivage des filles à marier. Son choix s’arrêtera sur Madeleine Charbonnier dite Seigneur qu’il épouse à Montréal le 2 janvier 1673. Cette demoiselle, qui signe son nom d’une écriture nette et assurée, saura seconder son mari dans ses affaires.
L'apogée et la chute
Lenoir est l’un des plus riches habitants de Lachine et possède aussi des terres à Bellevue (Bout-de-l’île). Vers 1686, quand vient le temps de militariser la région de Montréal, Lenoir assume la plus grande partie des frais qui feront de son domaine un véritable poste stratégique.
Malheureusement, ces dépenses combinées aux pertes subies lors de certaines expéditions entraînent sa ruine. Il aura beau recourir à tous les subterfuges de la loi, y compris une séparation juridique avec sa femme, pour protéger le patrimoine familial, rien n’y fait. En 1703, il doit céder ses terres à ses créanciers.